Quartier Melrose : Précisions
Dans un article publié dans le Nord Info du 9 mars 2022, les promoteurs du quartier Melrose, messieurs Patrick Varin et François Vachon, font la promotion de leur projet d’écoquartier. Nous souhaitons rétablir certains faits et apporter certaines précisions.
Tout d’abord, les consultations publiques que la Ville de Rosemère a tenues pendant 3 ans ne sont pas associées à une acceptabilité sociale du projet de développement sur l’ancien golf. En effet, ces consultations ont été tenues dans le contexte de la préparation du projet de plan d’urbanisme dans son ensemble, le thème du développement sur le site de l’ancien golf étant un thème abordé parmi plusieurs autres. Durant toutes ces consultations, jamais l’option de préserver intégralement le site de l’ancien golf, en excluant le développement immobilier, n’a été présentée aux citoyens.nes. Rappelons que la Ville n’a toujours pas consulté la population sur le projet de plan d’urbanisme résultant notamment de ces consultations.
Il est surprenant de lire que ce projet de développement immobilier répond aux besoins de la Ville alors que les promoteurs n’en n’ont pas fait la démonstration et que le schéma d’aménagement et de développement de la MRC indique qu’il y a suffisamment d’espaces ailleurs que sur le site de l’ancien golf pour loger la population pour l’horizon 2031. Plus de 1600 Rosemèrois.es ont signé une pétition demandant à la Ville de Rosemère d’arrêter ses démarches de changements d’affectation du site et de tenir une consultation spécifique sur l’avenir de l’ancien golf. 45% de la population a d’ailleurs voté pour un parti qui proposait la préservation d’un minimum de 88,5% du site lors des élections de novembre dernier. Comment prendre au sérieux ces promoteurs qui disent proposer un projet qui répond aux besoins de la communauté, alors qu’ils ont refusé à la population d’avoir accès au site pour des activités hivernales, et ce, en pleine pandémie, alors que la population y avait accès depuis des décennies? De plus, les promoteurs prétendent que l’organisme Vivre en ville a donné un verdict favorable à leur projet, mais ils omettent de mentionner que cet organisme a été rémunéré par les promoteurs.
Les promoteurs omettent également le fait que le site de l’ancien golf est hautement contaminé. En effet, La Presse a révélé que le site n’est pas conforme aux usages résidentiel et commercial projetés en raison de taux trop élevés de mercure et d'arsenic. Il devra donc être décontaminé pour qu’il y ait des constructions, ce qui soulève plusieurs inquiétudes. On trouve à proximité du site les demeures de plusieurs familles ainsi qu´une école primaire. La décontamination du site comporte des risques puisque l’énorme quantité de terre qui devra être déplacée engendrera de nombreux déplacements de camions et de la poussière contaminée pourrait affecter la santé des citoyens qui habitent à proximité. La décontamination du site menacerait également la survie de nombreux arbres matures, dont plusieurs sont centenaires et ceci affecterait grandement notre capacité à filtrer l’air des autoroutes et boulevards voisins et à réguler le cycle de l’eau, notamment avec la perspective d'inondations de plus en plus fréquentes.
Les promoteurs prétendent que le futur développement sera respectueux de l'environnement en laissant de nombreux espaces verts et en plantant 2300 arbres. Combien d’arbres matures devront être enlevés ou vont mourir en décontaminant le site ? Si ce dernier grand espace vert à protéger à Rosemère est bétonné pour la construction de rues et de centaines d’habitations, la communauté perdra inévitablement les bienfaits liés aux services écologiques qu’il procure: îlot de fraîcheur, captation des eaux, filtration de l’air, etc. La préservation et la restauration écologique en vue de la création d’un parc permettrait même d’augmenter les services écologiques du site qui présente un fort potentiel pour la protection de la biodiversité. Le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques a d’ailleurs confirmé qu’il est possible de faire un parc sans décontaminer le site. À noter que les promoteurs refusent l’accès au site pour que la Ville procède à une étude environnementale.
Enfin, mentionnons que le gouvernement du Québec a émis un avis défavorable à la demande de changement d’affectation du sol en « résidentiel en milieu paysager ». La réponse du ministère des Transports est particulièrement préoccupante: « Nous sommes donc en présence de changements d’affectations […] dans un secteur fortement dépendant d’un réseau supérieur (A-640 et R-117) particulièrement saturé. Cela pourrait aggraver les problématiques de circulation, notamment la fluidité, la fonctionnalité et le maintien du service existant. »
Finalement, M. Vachon va à l’encontre des experts quand il considère qu’un terrain de golf est un milieu artificialisé, créé par l’humain et que cela n’en ferait pas un milieu de haute valeur écologique. Le professeur au département des sciences naturelles de l’Université du Québec en Outaouais, Jérôme Dupras, estime que les terrains de golf « constituent de très belles opportunités pour intervenir dans le but de protéger ou de restaurer des superficies qui sont déjà végétalisées ». La perte des espaces naturels de l’ensemble du territoire et en particulier en milieu urbain s’accélère à un rythme alarmant. Il est plus que temps de protéger et de valoriser tous les espaces verts restants. Il est aussi urgent que la Stratégie nationale d’urbanisme et d’aménagement des territoires du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation soit adoptée pour offrir une vision d’avenir qui met en évidence le potentiel et le rôle important que les terrains de golf peuvent jouer dans la restauration et l’ajout de milieux naturels.
De plus en plus de regroupements citoyens continuent de faire pression sur la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation et demandent un moratoire sur les changements d’affectation des anciens golfs, et ce, jusqu’à ce que la Loi sur l’expropriation soit réformée et qu’il soit possible pour les municipalités d’acquérir des espaces verts à leur juste valeur marchande.
Nous encourageons la population de Rosemère à s’informer au sujet de la protection de l'ancien golf, car un développement aura un impact très important sur l'avenir de notre Ville et celle des générations futures. Nous souhaitons aussi rappeler aux citoyens de Rosemère que les promoteurs ne peuvent actuellement pas développer sur 88,5% du site, puisque l’affectation du sol est récréative et tant et aussi longtemps qu’elle sera maintenue, la construction immobilière sera impossible. Continuons de nous opposer en grand nombre à ce changement d’affectation du sol qui est prévu au plan d’urbanisme en cours de révision et à le faire savoir à nos élus.es.
Rosemère Vert et Les Mères au front de Rosemère et des environs
Lisez l'article de La Presse sur la contamination du site de l’ancien golf
Lisez l’article de La Presse: Québec pose des conditions à un futur lotissement
Lisez l’analyse de Peter Trent “Un développement immobilier sur le golf augmenterait nos taxes”
Lisez la lettre ouverte des Mères au front de Rosemère publiée dans La Presse
